Que fête-t-on le 14 juillet ? Pourquoi ce jour est-il férié ? Pourquoi cette date a-t-elle été choisie comme fête nationale ?
En 1880, le Parlement adopte à l’unanimité, le 14 juillet comme jour « de fête nationale annuelle ». Mais à quelle date renvoie-t-on exactement ? À la prise de la Bastille en 1789, symbole de la chute de l’absolutisme ? Ou à la Fête de la Fédération de 1790, tentative sincère pour certains, mais déjà d’espérer de réconciliation autour d’une monarchie constitutionnelle déjà condamnée à sa perte ?
Les parlementaires de l’époque évitent volontairement de trancher. Et c’est dans cette ambiguïté qu’ils trouvent un compromis républicain : un symbole commun permettant à la jeune République de se rassembler plutôt que de s’affronter.
Mais un symbole sans portée politique finit par mourir. Ce que le 14 juillet doit encore signifier aujourd’hui, ce n’est pas une commémoration figée, mais un appel vivant à l’engagement.
« C’est une révolte ? – Non Sire, c’est une révolution. »
La Bastille n’était pas qu’une prison : c’était le monument de l’arbitraire royal. Peu importait qu’on n’y trouve que quelques faussaires et « deux fous » (pour reprendre les mots de l’époque); ce qui comptait, c’était ce qu’elle représentait : la peur institutionnalisée, l’humiliation permanente. Et c’est cela que le peuple est venu abattre.
Mais une République ne se maintient pas par le seul souvenir d’un soulèvement. Là où il n’y a pas de pain, pas de justice, et pas d’ordre, il ne peut y avoir de République.
Aujourd’hui, la République est confrontée à une contre-révolution réactionnaire.
D’un côté, une extrême droite décomplexée, qui assume sa volonté de remettre en cause l’État de droit, de piétiner les libertés et de rétablir des hiérarchies entre citoyens, selon l’origine ou le statut social.
De l’autre, une droite classique sans boussole, incapable de fixer des repères clairs, naviguant entre les tentations autoritaires et les nostalgies d’un ordre social inégalitaire.
Et en miroir, une certaine gauche, usée par les défaites, en vient à contester jusqu’à la légitimité démocratique, appelant à l’insurrection dès que le vote ne suffit plus.
Ces dérives ne sont pas anecdotiques. Elles sapent notre démocratie, elles fracturent la société, elles rendent impossible tout projet collectif.
Pendant ce temps, la gauche républicaine peine à offrir une alternative crédible. Réduite à une addition d’appareils, préoccupés de conserver « les bonnes circonscriptions », elle oublie sa mission première : changer la vie.
Nous, Jeunes Socialistes, devons porter une autre voix. Une voix populaire, crédible, exigeante. Une voix qui fasse le lien entre espoir et pouvoir.
La jeunesse traverse sa plus grave crise sociale depuis 1946 : chômage, précarité, violence sociale et sans débouché politique, c’est la violence, ou le repli, qui l’emportera.
Alors oui, le 14 juillet est un symbole. Mais c’est aussi un avertissement.
Il nous rappelle qu’un peuple qui n’a plus rien à perdre finit toujours par se lever et qu’il vaut mieux lui répondre par les urnes et les institutions, que de le laisser sombrer dans la violence.
« Il n’y aurait pas eu de Révolution sans moi, pas de République sans moi. » disait Danton.
Cette phrase, aussi célèbre que révélatrice, montre combien il est tentant de résumer des élans populaires à des ambitions individuelles. Mais la Révolution, comme la République, n’a jamais été l’œuvre d’un seul : c’est un combat collectif, une promesse partagée.
C’est pourtant cette tentation qu’on retrouve parfois dans nos propres rangs : règles modifiées à la hâte, décisions concentrées, gouvernance d’entente. Ce n’est pas notre culture, ce n’est pas notre idéal.
Il est temps de retrouver le sens du commun.
L’unité des Jeunes Socialistes, la concorde des jeunesses de gauche républicaine, et la certitude que, malgré nos désaccords, nous partageons un destin commun : celui de la France, et de ses jeunesses.
Ce 14 juillet doit nous rassembler autour d’un vieux rêve toujours neuf :
Liberté, Égalité, Fraternité.
Et d’un projet : refaire de la République non un mot, mais une promesse tenue.
Seul le combat pour la justice sociale sauvera la République des abîmes qui l’encercle aujourd’hui, et le respect de notre contrat avec les citoyens, celui d’offrir une gauche capable de gouverner, sans trahir les promesses tenues, rendra ses lettres de noblesse à notre organisation.
Alors Vive la République,
Viva la France,
Et vive les Jeunes Socialistes, libres et autonomes !
Signé : Maxime Cohen