Aller au contenu
Accueil » Billet : La lutte des classes du XXIe siècle 

Billet : La lutte des classes du XXIe siècle 

La lutte des classes existe. Elle est aujourd’hui ardemment menée par celle qui détient les moyens de production : la bourgeoisie. Les réformes successives de la fiscalité, de l’assurance chômage et des retraites en sont les plus illustres représentations, le tout couronné par le mépris habituel qui distingue si bien l’élite économique. Les petites phrases des membres du Gouvernement et en premier lieu du Président en sont révélatrices. 

La moyennisation de la société est une chimère que l’on a voulue nous faire croire. A travers cette expression se cachait une volonté politique forte : tenter de faire oublier l’existence de la classe ouvrière et prolétaire dans son ensemble. Pourtant, ouvriers employés et professions intermédiaires représentent largement plus de 50% de la population active française, c’est-à-dire les personnes en activité ou qui en recherchent une. Les seuls ouvriers et employés représentent 45% de cette population. Il y a bien eu une baisse de leur nombre et à l’inverse une hausse des cadres dans la société française, mais les classes populaires n’ont pas disparu, loin de là. 

Le prolétariat, c’est-à-dire celles et ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre – ou survivre – reste une réalité. Il côtoie aussi ce qui est appelé le précariat, ces travailleurs qui malgré leur activité sont précaires. 

Pour autant, beaucoup de ces individus ne se retrouvent plus dans la gauche. Un ressentiment important existe de leur part à l’égard des « assistés”. Tout cela est savamment instrumentalisé par le patronat, lui évitant ainsi de devoir rendre des comptes sur la faiblesse des salaires. Par ailleurs, il convient de rappeler que s’il existe certaines aides sociales, en proient au dénigrement, c’est précisément parce que les salaires sont bas et qu’il faut les compléter. C’est par exemple le but de la prime d’activité, ce qui avec le recul est une aberration. L’Etat vient compléter la part non versée par le bourgeois. 

Quand le revenu médian, celui qui partage la population en deux parts égales, l’une touchant moins et l’autre touchant plus, s’élève à seulement 1850 euros nets en 2023, comment peut-on considérer que la valeur est bien partagée dans le pays ? 

Il faut rééquilibrer la balance puis la faire basculer au profit des seuls créateurs de richesse à savoir les travailleurs et les travailleuses. 

Nous avons le patronat le plus assisté et subventionné du monde, mais il se garde bien de s’en plaindre. En revanche quand il s’agit de demander des baisses d’impôt de production, n’ayez crainte, il sera présent. Le gouvernement s’en donne d’ailleurs à coeur joie. 

Les acquis sociaux sont petit à petit et constamment remis en cause par le patronat et son allié gouvernemental qui est à son service entier. 

C’est désormais aux socialistes de reprendre et d’affirmer la simple mais pertinente analyse marxiste de la société. 

C’est aux socialistes de se rendre compte de l’innommable mais cruelle réalité contemporaine qui consiste à creuser l’écart entre les créateurs de richesse et les accapareurs. 

Bien des bourgeois ont été de gauche, socialistes même, et ont adopté une telle analyse. Ils n’ont pas été les plus déméritant. 

Pourquoi tant de pudeurs aujourd’hui ? Une radicalité terrible se met en marche contre celles et ceux qui créent la valeur, un mépris affiché inédit de la part de nos gouvernants, une méconnaissance crasse de la vie, et nous devrions nous complaire dans une modération de principe, une nuance sacrée ? La gauche doit proposer un programme de rupture avec l’ordre capitaliste et productiviste tout en arrêtant d’être sur la défensive mais bien sur l’offensive. 

Affirmons dès lors que la lutte des classes existe en France et que nous, socialistes, devons la mener. 

Ne laissons pas l’homme d’affaire Warren Buffet avoir raison quand il affirme : “Il y a une lutte des classes, bien sûr, mais c’est ma classe, celle des riches, qui fait la guerre. Et nous gagnons.” 

Le combat doit continuer, si ce n’est commencer. 

Rémy Goubert