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Billet : Le retour de Donald Trump ou la fin de l’atlantisme.

Ce mercredi 6 novembre 2024, l’Europe s’est réveillée comme n’importe quel démocrate américain avec la gueule de bois.

Et cela recommence tous les quatre ans depuis 2016. L’Europe réalise avec Donald J. Trump que États-Unis ne sont pas un ami mais plutôt un partenaire instable qui ne la considère que comme un simple marché. Cette vision est d’ailleurs au cœur de la politique américaine. Henry Kissinger, pilier de la politique extérieure des États-Unis durant la guerre froide, décrivait l’Europe, durant son mandat de secrétaire d’État en 1970, comme un continent de simples consommateurs.

Si les présidents américains ont accepté de jouer la comédie du “grand allié” de l’Europe depuis les années 1940, c’est uniquement pour des intérêts financiers et géopolitiques. Dès 1947, lorsque les États-Unis investissent en Europe, ce n’est pas pour sa reconstruction, mais plutôt pour endiguer le développement du communisme et rétablir la balance économique du dollar ; les intérêts américains priment.

C’est pour cela qu’ils n’ont jamais eu d’alliés, seulement de simples partenaires stratégiques. La crise des missiles de Cuba en 1962 le démontre très bien : dans un moment critique, les États-Unis n’ont pas informé leurs partenaires, alors même qu’ils troquaient les missiles en Italie et en Turquie contre le retrait des missiles soviétiques de Cuba. Cela démontre bien qu’en cas de conflit de haute intensité, les États-Unis ne troqueront jamais Washington pour Bruxelles.

La première élection de Donald Trump et la mise en place de la stratégie “America First” se traduit par une révision de tous les partenariats stratégiques américains sous l’œil de l’isolationnisme. Il s’agit en réalité de la révélation d’une loi qui a toujours sous-tendu la géopolitique américaine. Dans le cadre de cette stratégie, l’Europe n’est plus centrale dans les relations internationales ni dans l’économie mondiale. En bref, le désengagement américain de l’Europe est un rééquilibrage de la politique américaine, qui se sépare des actifs qui ne lui sont plus rentables.

Le 47e président des États-Unis a cependant précipité cette politique dont les signaux étaient déjà palpables en 2011 avec l’inauguration de la diplomatie du “pivot vers l’Asie”, initiée par le président Barack Obama.

Quid de l’Europe alors ? Celle-ci peut voir dans l’avancement quasi certain du désengagement américain (une des promesses de campagne de Donald Trump étant de taxer les produits exportés par l’Europe, de quitter l’OTAN et de “régler le problème ukrainien en un jour”) comme une chance. En effet, l’Europe peut maintenant prendre conscience du désengagement américain et de la multipolarisation du monde. Face à cela, elle doit réorganiser autant sa défense que son économie.

Militairement, l’Europe doit acheter Européen et se constituer une industrie de défense européenne. Les 27 doivent viser l’autonomie stratégique en ne dépendant plus de matériel dont ils n’ont pas le contrôle. Ils doivent établir des protocoles communs au-delà des normes de l’OTAN, ils doivent créer un marché unique de la défense et, enfin, constituer un commandement intégré européen pour permettre aux armées de mieux collaborer entre-elles.

Économiquement, l’Europe doit pleinement entrer dans le 21e siècle et sortir de sa caverne. Elle doit comprendre que le mythe de la “concurrence libre et non faussée” n’est respecté que par elle. Elle doit cesser de favoriser l’importation de matériel stratégique qu’elle peut produire elle-même et commencer à nouer des partenariats en fonction de ses propres intérêts.

L’Europe doit réaliser que les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts, et les intérêts américains ne sont plus en Europe.

Denzel Perard Mabidi