“L’éducation est la première priorité nationale.”
C’est sur cette phrase que s’ouvre le code de l’éducation mais lorsque l’on observe les faits il convient de douter de cette affirmation. L’enseignement souffre de multiples maux comme un sous-financement chronique ainsi qu’une ségrégation sociale massive qui se fait au bénéfice du privé et au détriment du public.
Une piste d’amélioration majeure serait la suppression du subventionnement de l’enseignement privé et à terme de l’enseignement privé dans son intégralité.
L’école est aujourd’hui une machine à reproduction sociale aggravée par le privé.
Les établissements privés sous contrat représentent 17% des élèves scolarisés. Au sein de ces établissements on trouve en moyenne 8 à 9% d’élèves boursiers contre 21 à 28% dans le public. Cela met bien en évidence une ségrégation sociale entre les établissements publics et privés dû à un évitement des établissements publics par les CSP+. Les plus privilégiés justifient cet évitement par des conditions d’enseignement qui seraient moins bonnes dans les établissements publics.
Or, quand les familles évitent le public, elles renforcent la ségrégation sociale. Quand les familles vont dans le privé, elles bénéficient de financements publics et financent un surplus grâce à leur capital financier. Il y a dès lors une rupture du pacte républicain de l’enseignement censé assurer une équité de niveau entre tous les élèves pour leur donner les moyens de s’émanciper.
Seule une action politique peut répondre à ce déséquilibre. Il faut que ceux qui font le choix d’éviter l’école de la République en supportent le coût et donc supprimer toute subvention aux établissements privés d’enseignement. Tous les fonds ainsi dégagés pourront être réinvestis dans les établissements publics, en y améliorant les conditions d’enseignement.
N’oublions pas que l’éducation nationale est encore une fois la première victime du projet de loi de finances pour l’année 2025 avec la destruction de 4000 postes.
Un enseignement privé qui joue contre la République.
Le subventionnement public des établissements privés se fait au travers du contrat d’association qui est censé assurer à l’intérieur des établissements le respect des programmes de l’éducation nationale ainsi que des valeurs de la République.
Historiquement, le subventionnement s’explique par une volonté de contrôle des établissements privés qui représentaient une part bien plus importante de l’enseignement afin que ceux-ci ne jouent pas contre la République.
Sauf que dans les faits on ne contrôle jamais, presque jamais, les établissements privés sous contrat. Un rapport parlementaire met en évidence une moyenne d’un contrôle tous les 1500 ans. C’est ce que met en évidence un rapport parlementaire, mais cela porte en réalité sur l’organisation financière et administrative de l’établissement. La loi Debré de 1959 ne prévoit pas de contrôles particuliers, notamment sur le plan de la pédagogie qui sont laissés à la discrétion des recteurs.
Cela permet donc de nombreuses dérives contraires aux valeurs de la République. Un exemple criant est celui de l’établissement Stanislas à Paris mais il ne s’agit pas d’un cas isolé. Les expressions de positions rétrogrades s’y multiplient: opposition à l’avortement, assignation des femmes à un rôle domestique, homophobie…
Pour finir, un extrait de Pour être socialiste écrit par Léon Blum en 1919 semble tout à propos: “Les fils de possédants ont eu leurs écoles à eux, où l’instruction n’a pour ainsi dire pas de fin, où le plus médiocre esprit, à force de temps et de sollicitude, finit par usurper un semblant de connaissances. Les fils de prolétaires ont les leurs, où l’étude est limitée dans ses programmes et dans sa durée, et que les plus aptes doivent quitter bien vite pour apporter à leur famille un complément de subsistance […].“
En tant que socialistes, qui sont animés par l’indignation face à l’assignation sociale des individus, tout cela doit nous mener à la conclusion que le financement des établissements privés est contre productif. Il faut donc y mettre un terme et de même pour l’enseignement privé dans son ensemble au travers d’une réforme constitutionnelle.