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Billet : Laïcité, je chéris ton nom !

A l’heure où le R’Haine, Reconquête, et Les (si peu) Républicains tentent une odieuse récupération de la laïcité, dont ils/elles sont, en réalité, les adversaires, le Poing Social réaffirme son attachement à ce principe fondamental. Les apôtres de la droite extrême et de l’extrême droite se disent laïc-que-s pour stigmatiser les musulman-e-s. Ils/Elles tentent ainsi de vider de sa substance une conception, qu’ils/elles combattent, en réalité. Rappelons que ces mêmes laïc-que-s autoproclamé-e-s ne voient pas de problème lorsqu’ils/elles installent dans leurs mairies des crèches, pour célébrer la fête chrétienne qu’est Noël. S’il est possible de discuter de la pertinence d’interdire les signes religieux dans n’importe quel espace de la société – même si nous y sommes, pour notre part, opposés-, le seul focus sur le voile, dans leurs discours, sans parler du crucifix, ou de la kippa, par exemple, est un nouveau moyen de stigmatiser nos compatriotes musulman-e-s. Contre ces mêmes compatriotes, ils veulent interdire l’abatage cultuel et ainsi priver des millions de citoyen-ne-s de pouvoir manger halal ou casher.

Ils/Elles célèbrent la France catholique, allant jusqu’à minimiser leur attachement à la République, dans leurs meetings : « Vive la République, et surtout, surtout Vive la France », pouvait dire Éric Zemmour. L’Histoire de France est un bloc, nous n’affirmons pas l’inverse, mais nous sommes davantage les héritiers de certaines périodes. Socialistes, nous combattons l’absolutisme royal, qu’il soit français, ou d’une autre nationalité, et nous ne pouvons tirer une quelconque fierté des siècles où la France évoluait dans un régime monarchique. La France des Bourbons et des autres dynasties, ne nous fait rêver d’aucune sorte. Socialistes, nous sommes les héritier-e-s de la Révolution Française, qui fit advenir une Nation civique. Socialistes, nous sommes mêmes patriotes lorsqu’il s’agit de célébrer la Patrie des Droits de l’Homme qui a pour devise « Liberté, Égalité, Fraternité », dont la portée universelle n’est plus à démontrer.

Le Poing Social défend une position, en matière de laïcité, inspirée par le texte de loi, du député socialiste, qui fut également Président du Conseil, Aristide Briand, instituant la Séparation de l’Église et de l’État. Il est, selon nous, du rôle de l’école de doter les élèves d’un esprit critique et pour ce faire de lutter contre l’obscurantisme qui peut être contenu dans les religions, pour qu’ils/elles puissent choisir, plus librement, leur potentielle adhésion à l’une d’entre elles. Dès lors, les citoyen-ne-s étant éclairé-e-s, la République leur garantit la liberté de croire ou de ne pas croire. Toutes les religions qui acceptent la suprématie des lois de la Républiques sur les leurs, peuvent être pratiquées, en France. Toutes les religions ou leurs courants intégristes, qui ne reconnaissent pas cette suprématie doivent être sévèrement combattus. La liberté de croire ou de ne pas croire, inclut également la nécessité de respecter la liberté individuelle de l’autre, et de ses choix personnel-le-s.

Si la droite extrême et l’extrême droite étaient vraiment du côté de la Laïcité, elles s’offusqueraient, comme nous, de l’existence du Concordat d’Alsace Moselle. En pratique, elles sont les défenseuses de ce régime concordataire. Ce n’est sûrement pas avec ces composantes politiques que nous aurions fait de la France un pays laïc, en 1905. Le Concordat d’Alsace Moselle, est un régime qui prévoit que l’État reconnaisse et organise les cultes catholique, protestant, et juif. Concrètement, l’État paye les prêtres, les pasteurs, et les rabbins, dans ces départements, et y oblige, sauf demande de dérogation des parents, l’enseignement religieux, à l’école primaire et au collège. Le délit de blasphème, quant à lui, n’a été abrogé pour ces départements qu’en 2017. Si un tel régime est en vigueur dans ces territoires, c’est en raison de leur appartenance à l’Empire Allemand, en 1905, lorsque la France adopta le texte instituant la séparation des Églises et de l’État. Après la première guerre mondiale, quand ces départements sont revenus dans le giron français, ce concordat a été négocié. Mais, nous estimons, pour notre part, que les départements que sont la Moselle, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin sont aujourd’hui bien intégrés au reste du territoire français, et que ce régime d’exception n’a plus de justification politique. Nous sommes également défavorables à l’idée d’organiser référendum local pour trancher la question, il ne s’agit pas d’un problème strictement territorial, mais bien d’un enjeu national puisque c’est l’État qui organise ces cultes -dont l’Islam est d’ailleurs exclu-.

Pour l’école, puisque nous en parlions, un peu plus haut, nous sommes satisfaits de l’interdiction de certains signes religieux, ostensibles tels que le voile ou la kippa, par exemple. Mais nous aimerions aussi nous réjouir de l’interdiction des signes religieux qui ne sont pas ostensibles, mais qui demeurent visibles. En effet, l’école doit bannir tous les signes religieux afin de prévenir de possibles intimidations, de tentatives de prosélytisme, ou de comportements communautaristes. Il existe un flou autour du mot « ostensible », les crucifix, par exemple, peuvent être tolérés, dans certains établissements. Pour nous, il ne devrait pas exister deux poids, deux mesures concernant les « petits » signes religieux. Un signe religieux est un signe religieux : soit on décide de tous les interdire, soit on les accepte tous. Nous prônons le parti de tous les interdire, dans l’enceinte de l’école de la République. Le sujet de l’école est vaste, et nous aurions beaucoup d’autres choses à développer, nous pourrons y revenir, lors d’un prochain billet.

En conclusion, ne laissons pas les xénophobes et les nationalistes se targuer d’être laïc-que-s. La gauche ne peut à présent compter que sur elle-même pour faire vibrer la fibre passionnément laïque, il lui revient la haute responsabilité de mener ces combats.

Photo : Vassil, CC0, via Wikimedia Commons

Lubin Dargère

Maxime Cohen