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POUR UNE JUSTICE QUI NE PUNIT PAS :  L’ENFERMEMENT CARCÉRAL

Prison de Valence – WikiCommons

“On nous dit que les prisons sont surpeuplées. Mais si c’était la population qui  était suremprisonnée ?” – Manifeste du Groupe d’information sur les prisons  (G.I.P), 1971 

La prison, à gauche, à droite comme à l’extrême droite, est un objet de  fantasmes, perçue successivement de façon irrationnelle comme un instrument  de vengeance ou dénoncé comme un espace supposément laxiste et tout  confort.  

Ainsi, proposer un regard critique alternatif sur la privation de liberté est  difficile. Jeunes socialistes, nous avons pourtant une voix singulière à porter  sur le sujet.  

Nous savons combien les facteurs socio-économiques, culturels, éducatifs,  l’environnement dans lequel les individus évoluent à partir de leur naissance  ont un impact sur ce qu’ils deviendront et les actes qu’ils poseront. De ce fait,  nous ne pouvons croire en la pleine responsabilité des individus. Lorsqu’un  acte enfreignant la loi est posé, il s’agit d’abord d’un échec de l’Etat et de la  société dans son ensemble, et la responsabilité est avant tout collective.  

Dès lors, il faut avant tout agir de telle manière à garantir que l’individu puisse  retrouver toute sa place dans la société sans représenter de danger en risquant  de récidiver : il faut transformer, il faut réparer, il faut réhabiliter, il faut réinsérer,  et ce dans tous les cas où cela est possible, et nous croyons que cela concerne  la grande majorité des cas.  

Chercher à punir n’a pas de sens, et l’enfermement en centres de détention ne  peut nous satisfaire. 

Il est d’abord inefficace : la double casquette assumée (punition et  accompagnement) par l’administration pénitentiaire ne permet pas de résoudre  le problème de la récidive. En 2016, il touchait 46 % des hommes et 28 % des  femmes condamné-e-s à des peines de privation de liberté.  

Il est également contraire au respect de la dignité humaine. La surpopulation  carcérale atteint des records avec plus de 70 000 détenu-e-s en France, soit  150 % des places disponibles selon l’OIP. De plus, la France a été condamnée à  plusieurs reprises par la Cour européenne des Droits de l’homme pour les  conditions indignes de vie dans ses prisons. 

Et alors que c’est à notre rapport à la notion de justice dans sa globalité qu’il  faut repenser, la seule réponse que les gouvernements semblent vouloir  apporter est la construction de toujours plus de prisons.  

La faute en revient à notre imaginaire collectif, qui conçoit la justice comme  étant synonyme de punition et d’emprisonnement. Depuis 2017, des dizaines  de nouvelles infractions sont effectivement condamnables par de la prison.  Il est temps de proposer autre chose. 

Nous proposons de sortir des logiques d’obsession pour l’enfermement, et  notamment quand le-la condamné-e ne représente pas un risque pour les  autres citoyen-ne-s ou pour lui-même, en développant les peines alternatives  jusqu’à qu’elles ne puissent plus être qualifiées de peines “alternatives” et en  ouvrant davantage les espaces de détention, en s’inspirant, par exemple, de ce  qui peut déjà se faire en Dordogne.  

Nous pensons que la priorité de l’administration pénitentiaire ne doit pas être  de “surveiller et punir”, mais, tout en protégeant la société, de fournir aux  détenu-e-s un accompagnement personnalisé sur le plan psychologique et  socioprofessionnel. Cet accompagnement doit se poursuivre après la  probation de la peine. C’est la condition de la réinsertion des personnes.  

L’enjeu que représente le suivi et les soins psychiatriques et psychologiques  pour la réussite d’un tel accompagnement est trop souvent négligé : ils doivent  y occuper une place bien plus importante.  

Nous considérons que l’accès aux activités culturelles et sportives, la formation  et le travail sont des outils essentiels de réinsertion auxquels chaque détenu-e  doit pouvoir avoir accès. Pour autant, il n’est pas supportable que l’on exploite  et capitalise sur le statut particulier du travail des détenu-e-s : il est nécessaire  qu’un encadrement légal plus protecteur soit mis en place. 

Le développement de la pratique de la justice réparatrice ou restaurative nous  semble aussi indispensable pour assurer que les condamnations soient avant  tout constructives et vectrices d’évolution positive pour l’individu, pour les  potentielles victimes mais aussi pour la société dans son ensemble. 

Nous croyons que le seul sens du progrès, en matière de justice, est celui qui  met progressivement fin à une institution judiciaire qui punit inutilement, et  écrase les êtres quand il faudrait les accompagner vers l’émancipation : la  justice du carcéral.  

Une autre justice est possible, mettons-la en œuvre.  

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Le POING SOCIAL – Courant des Jeunes Socialistes 

contact@poingsocial.fr