Nous remettons en cause le système patriarcal, enraciné dans toutes les sphères de notre société. Sa destruction doit être au cœur de nos préoccupations. Pour détruire le patriarcat, encore faut-il penser comment le détruire. Nous proposons alors quelques réflexions.
Parce que nous nous construisons d’abord pendant l’enfance, il est crucial d’avoir une éducation affective sexuelle importante dès le plus jeune âge pour lutter contre les préjugés genrés à l’école, et d’y importer des pratiques pédagogiques “dégenrées”. C’est la condition pour permettre aux enfants de s’épanouir plus librement, et pour nous débarrasser des rôles sociaux de genre, sur le long terme.
Ce travail fastidieux doit s’associer au “dégenrement” progressif de la consommation qui est l’un des premiers vecteurs de transmission de ces stéréotypes de par son omniprésence dans notre quotidien, notamment par une réglementation plus forte de la publicité et du marketing afin de restreindre le ciblage par genre des produits.
Il faut également repenser l’accessibilité et la représentation égalitaire dans l’espace public, l’administration ou encore dans les milieux culturels et artistiques. Il est nécessaire que les pouvoirs publics et les secteurs de production concernés mettent en place des politiques ambitieuses en la matière. De la même manière, nous devons concevoir autrement l’urbanisme de façon à permettre aux femmes d’y circuler librement et en sécurité. Nous, JS, devons être les défenseur-euse-s de la féminisation de tous les espaces et de toutes les représentations, et cela passe d’abord par la féminisation du langage.
Les forces de l’ordre comme la justice sont structurellement défaillantes en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Trop souvent encore, la parole des victimes n’est pas correctement prise en compte par les agent-e-s. Quand ces dernier-ère-s acceptent les plaintes, la majorité d’entre
elles sont classées sans suite (61% selon la lettre de l’Observatoire des violences faites aux femmes de novembre 2021). C’est une injustice profonde ne permettant pas aux victimes de trouver le chemin de la reconstruction. C’est d’abord le manque de moyens de ces institutions qui l’explique. A la nécessité de les augmenter considérablement s’ajoute celle de former davantage tout-e-s les agent-e-s à l’antisexisme et à la lutte contre les violences.
Il apparaît également essentiel de donner des moyens d’action plus importants aux associations spécialisées comme le Planning familial ou le Centre d’Information des Femmes et des Familles qui fournissent un travail essentiel d’aiguillage et d’accompagnement des victimes.
Si le système capitaliste aliène tou-te-s les travailleur-euse-s, il impacte particulièrement les femmes, du fait des spécificités de leur condition. Malgré leur succès aujourd’hui plus important que celui des hommes au niveau universitaire, elles restent sous-représentées dans les secteurs scientifiques et aux fonctions à hautes responsabilités. A l’inverse, elles sont surreprésentées dans les secteurs professionnels les plus précarisés : aide à la personne, soin, entretien, etc. Au sein même du foyer, la division genrée du travail domestique a dû mal à faiblir : elle prend elle aussi racine dans la nécessité de libérer le temps et l’énergie du travailleur pour mieux l’exploiter.
Désigner cette imbrication du système capitaliste et du patriarcat comme étant à la source de l’inégalité la plus fondamentale entre les hommes et les femmes, c’est-à-dire l’inégalité de conditions matérielles d’existence, n’est pas une évidence pour tou-te-s. Cela nous semble pourtant indispensable pour parvenir à penser, en tant que JS, des alternatives et des voies pour en sortir.
Le premier niveau d’action auquel nous pouvons nous intéresser, à défaut de pouvoir les détailler tous, et celui de la prise en charge collective des poids économiques particuliers qu’ont à supporter les femmes parce que femmes. Nous proposons alors :
- La gratuité des protections périodiques réutilisables ;
- La garantie de lieux d’accès à des protections périodiques gratuites pour les personnes en situation de précarité : écoles, pharmacies, etc. ; – L’investissement massif dans la recherche pour développer des alternatives aux moyens de contraception existants, essentiellement supportés par les femmes.
Si nous avons parlé des femmes du fait de la nature de cette contribution, ces mesures incluraient évidemment l’ensemble des personnes dotées d’un utérus.
Nous avons choisi de traiter de ce que nous voulons voir devenir le féminisme socialiste à travers quelques prismes nous paraissant essentiels (l’éducation, la police et la justice, la culture ou le système social et économique), mais les pistes de réflexion sont multiples.
La construction d’une idéologie féministe socialiste claire, singulière ambitieuse doit en tout cas constituer un objectif majeur pour nous, JS.
–
Le POING SOCIAL – Courant des Jeunes Socialistes
contact@poingsocial.fr