Comment demander aux jeunes de sauver la planète quand beaucoup n’arrivent déjà pas à boucler leurs fins de mois ? Logements mal isolés, factures d’énergie qui explosent, transports trop chers, alimentation de qualité inaccessible… La précarité pèse lourd sur les épaules de la jeunesse. Et pourtant, malgré ces obstacles, elle est en première ligne pour inventer de nouvelles manières de vivre, de consommer et de se déplacer.
Cette contradiction dit tout de l’urgence : si nous voulons réussir la transition écologique, elle doit être pensée comme une écologie populaire. Non pas comme un luxe réservé à celles et ceux qui peuvent s’acheter une voiture électrique ou remplir leurs paniers de produits bio hors de prix, mais comme une transition juste, solidaire, accessible à toutes et tous.
La précarité, frein à l’écologie
La jeunesse vit souvent dans des conditions difficiles : chambres étudiantes mal isolées, loyers exorbitants, absence de transports abordables hors des grandes villes. Comment parler de sobriété énergétique quand les étudiants doivent se chauffer avec un petit radiateur dans un logement humide ? Comment défendre une alimentation durable quand le budget alimentaire se résume aux pâtes premier prix ?
Ces réalités montrent que la transition écologique ne peut pas être dissociée de la question sociale. L’écologie socialiste doit répondre à ces urgences concrètes, par un grand plan de rénovation des logements étudiants, par des tarifs solidaires ou gratuits dans les transports publics, par un accès facilité à une alimentation saine et locale.
La jeunesse, force d’innovation et d’engagement
Malgré les difficultés, la jeunesse innove et s’adapte. Elle se tourne vers le vélo, le covoiturage, les circuits courts. Elle crée des associations, des coopératives, des projets collectifs qui redonnent du sens à l’action écologique. On la dit “désengagée”, mais jamais une génération n’a autant manifesté pour le climat, jamais elle n’a autant expérimenté de nouvelles pratiques.
Cette créativité mérite d’être reconnue et soutenue. Car si la jeunesse agit déjà, elle ne peut pas tout porter seule. Sans politiques publiques fortes, l’énergie et l’innovation des jeunes resteront limitées par la précarité.
Une écologie socialiste et populaire
C’est pourquoi nous affirmons que la transition écologique doit être guidée par un principe simple : ce n’est pas aux plus fragiles de payer la facture. L’État, les collectivités, l’Europe ont un rôle majeur à jouer pour investir massivement et rendre l’écologie accessible.
Cela passe par :
- un plan massif de rénovation thermique des logements sociaux et universitaires ;
- le développement des transports gratuits ou à très bas coût pour les jeunes ;
- mise à disposition de vélos pour développer la mobilité douce, notamment avec un système de location longue durée de vélos à des prix abordables
- développer un bonus covoiturage, par exemple avec une prise en charge du carburant pour les étudiants ou en octroyant une prime pour les jeunes travailleurs
- un fonds de soutien aux projets étudiants dans le domaine écologique ;
- valoriser concrètement l’engagement associatif et citoyen, notamment dans les dossiers scolaires
- une politique agricole qui rend possible une alimentation saine et locale à prix juste.
Conclusion : une jeunesse bâtisseuse
La transition écologique ne réussira pas sans la jeunesse. Elle en est déjà le moteur, mais elle doit aussi être protégée de la précarité. C’est tout le sens de l’écologie socialiste : faire de la transition un droit universel, et non un privilège réservé à quelques-uns.
Demain, les jeunes ne doivent pas être seulement les victimes du dérèglement climatique : ils et elles doivent être les bâtisseurs d’un avenir commun, juste et durable.
Jonathan Das Lages