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Billet : Avec l’été, les prisons en surchauffe !

Surpopulation carcérale, un problème permanent agravé en été !

Les prisons ont un rôle central dans notre société, même si nous ne les voyons pas ou que nous en entendons parler brièvement lorsque la presse rapporte des histoires obscures ou des évasions remarquables. Elles définissent notre relation avec les autres, nos fautes et nos erreurs. Il est donc crucial de ne pas instrumentaliser la prison à des fins de punition inutile et stérile. Au contraire, nous devons mener une véritable bataille culturelle contre ceux qui utilisent les crimes et la récidive pour justifier des politiques carcérales inefficaces.

Il est crucial de contester l’idée que la prison est un moyen efficace de lutter contre le crime et la récidive, comme nous l’avons souligné dans notre contribution intitulée “Pour une justice qui ne punit pas : l’enfermement carcéral“. La simple incarcération d’individus ne résout pas les problèmes sous-jacents qui ont conduit à leurs actes répréhensibles.

La prison, en tant que système punitif, est souvent utilisée pour répondre à une demande de représailles ou pour satisfaire un désir de vengeance. Néanmoins, cela ne fait qu’alimenter une spirale infernale de violence et de désespoir. Comme mentionné précédemment, les conditions de vie difficiles et dégradantes en détention peuvent même aggraver les problèmes de santé mentale et de réinsertion sociale des détenus.

Au lieu de cela, nous devons encourager des méthodes alternatives à la prison, telles que la réhabilitation, la réparation des torts causés et la prévention. Il est bien plus bénéfique pour la société dans son ensemble d’investir dans des programmes de réinsertion sociale, de formation professionnelle, de soutien psychologique et de traitement des addictions. Ces méthodes aident à prendre en compte les causes profondes de la délinquance, à réduire les taux de récidive et à offrir aux individus une opportunité réelle de se reconstruire et de contribuer positivement à la société.

En parallèle, nous devons changer les conditions de détention qui restent trop souvent inhumaines.

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Par Jean-Baptiste Jacquin

Photo : Un détenu et un gardien de prison dans un couloir du centre de détention de Toulouse-Seysses, le 10 mai 2022. LIONEL BONAVENTURE / AFP

L’arrivée des beaux jours est synonyme de cauchemar pour les personnes qui vivent entre les murs de nos prisons.

S’il serait simple d’éviter le sujet parce qu’il n’est pas vendeur et que 50% des français-es considèrent que les détenus sont “trop bien traités“. Nous ne pouvons rester sans rien faire face aux manquement de l’administration pénitentiaire et du ministère de la justice.

Avec ses 73 000 détenus, la France fait partie des pays qui incarcèrent le plus. Si ce problème persiste tout au long de l’année, l’été représente une période particulièrement difficile pour les personnes incarcérées. Les conditions de vie exiguës, avec jusqu’à quatre détenus par cellule de 9m² et les restrictions sévères en matière d’habillement, d’aération et d’accès à l’eau, créent un véritable enfermement étouffant.

Des conditions de vie étouffantes:
Ces conditions de vie insupportables ont eu un impact significatif sur la qualité des soins prodigués aux détenus, qui étaient déjà dans une situation précaire. Bien que l’administration pénitentiaire puisse prétendre modifier son règlement en permettant plus de trois douches par semaine pendant l’été, la réalité est plus compliquée. Les congés estivaux et la pénurie de gardiens rendent les sorties de cellule plus difficiles, y compris pour les soins externes, sauf en cas d’urgence vitale.

Un impact sur la qualité des soins:
Ces conditions de vie insupportables ont un impact considérable sur la qualité des soins prodigués aux détenus, qui étaient déjà précaires. Pendant l’été, bien que l’administration pénitentiaire puisse prétendre adapter son règlement en autorisant plus de trois douches par semaine, la réalité est plus complexe. La pénurie de gardiens, combinée aux congés estivaux, rend les sorties de cellule plus difficiles, y compris pour les soins à l’extérieur, sauf en cas d’urgence vitale.

Des mesures insuffisantes et inadaptées:
Face à cette situation, l’administration pénitentiaire propose à l’achat des ventilateurs et des climatiseurs pour les détenus. Cependant, cette solution soulève la question des moyens financiers, car tout le monde ne peut pas se permettre d’en acheter (un mois de prison est égal à minimum 200€ par détenu), surtout lorsqu’il y a des ruptures de stock. Il est inacceptable qu’un détenu de la maison centrale de Clairvaux ait dû acheter un ventilateur une deuxième fois à la fin de l’été, après avoir attendu une livraison qui ne s’est jamais concrétisée.

Vers une résolution du problème central:
Les mesures qui sont actuellement prises ne sont ni suffisantes ni appropriées pour résoudre ce problème central. Lorsque des personnes sont obligées de vivre dans des petites cellules et de dormir sur des matelas au sol, un simple brumisateur et des bouteilles d’eau ne suffisent pas. Des mesures plus importantes doivent engagées pour améliorer les conditions de vie des détenus pendant la période estivale.

En conclusion, l’été présente une autre épreuve pour les détenus en France, qui sont confrontés à des conditions de vie difficiles et à des problèmes de santé graves. La surpopulation des prisonniers, combinée à des règles vestimentaires rigoureuses, à un manque d’aération et à un accès limité à l’eau, rend la vie en prison un véritable calvaire. Il est impératif de mettre en place des mesures plus efficaces et plus adaptées afin de garantir des conditions de détention plus humaines et respectueuses des droits fondamentaux des détenus.

Nous pourrions proposer :

  • Renforcer la mise en place de peine alternative pour lutter contre la surpopulation carcérale.
  • Embaucher plus d’agents pour pouvoir garantir une douche par jour et les visites médicales.
  • Un grand plan de réhabilitations des prisons françaises pour lutter contre le chaud l’été et le froid l’hiver.
  • Réparer les installations pour garantir l’eau chaude et l’eau froide.
  • L’installation de pièces climatisées dans les centres de détention.

Loris Dumont